Sanglier : Il est le symbole de la combativité et de l'invincibilité, mais aussi celui de la classe sacerdotale (pouvoir spirituel). Il représente le prolongement de Lug et Esus sur la terre. Il possède la connaissance et c'est pour cette raison que les rois et héros des textes légendaires celtiques cherchent à le capturer. En Gaule, on ne part jamais à la chasse au sanglier sans avoir au préalable consulté les puissances surnaturelles.
D'une puissance rare, d'un tempérament solitaire et combatif, le sanglier illustre pour les Celtes le pouvoir sacerdotal qu'envie le pouvoir royal ; c'est pourquoi il est continuellement chassé par les rois et héros voulant s'approprier la connaissance que seuls possèdent les druides et initiés.
Le sanglier est, comme le druide, en rapport étroit avec la forêt : il se nourrit du gland du chêne ("glands de l'immortalité", attributs de Lug) et la laie, symboliquement entourée de ses neuf marcassins, fouit la terre au pied du pommier, arbre d'immortalité.
Confondu avec le porc, dont il se distingue du reste très mal (les Celtes avaient des troupeaux de porcs vivant pratiquement à l'état sauvage), le sanglier constitue la nourriture sacrificielle de la fête de Samain et c'est l'animal consacré à Lug. Dans plusieurs récits mythiques, il est question du porc magique qui, dans les festins de l'Autre Monde, est toujours cuit à point et ne diminue jamais.
Fêté pour la Samhain donc, le sanglier figure l'autorité spirituelle qui est en balance avec, et plus tard en lutte contre, l'ours qui est l'autorité temporelle et guerrrière.
Pour d'autres, la solidarité entre le druide et le roi étant fondamentale chez les Celtes, les récits de chasse au sanglier évoqueraient plutôt le combat des forces de la nature contre un symbole de l'hiver et du froid.
Dans l'histoire de Henwen, " la Vieille Blanche ", notre truie - qui est pleine, comme celle qu'il convient d'offir à Cybèle - à un rôle fécondant et dépose le froment, l'orge et l'abeille pollinisatrice, lors de ses "combats" contre Arthur.
Cela donne à penser que les Tuatha De Danann ont systématiquement remis l'Irlande en valeur après le raz de marée du XIIIe siècle et explique qu'Henwen ravage - c'est à dire qu'elle laboure - les cinq provinces l'une après l'autre. Lorsque les derniers ravages, ou combats dans la version arthurienne post évangélique, ont lieu dans le centre, la province royale de Meath, c'est que les Danann accèdent enfin à la royauté sur l'ensemble des provinces d'Irlande.
Le sanglier est un symbole de réunion des trois fonctions indoeuropéennes de Dumézil. Il est sacerdotal par l'énergie qui rayonne de ses soies dorsales, comme le donnent à penser les représentations gauloises. Il est guerrier par son esprit combattif et impétueux lorsqu'il est attaqué. Il est nutritif par son utilisation dans les banquets.
Dans les légendes celtiques, le sanglier (ou la laie) représente le druide et ses élèves sont les marcassins.
L'opposition qui fut faite entre les Sangliers comme représentants du sacerdoce et les Ours comme représentants des guerriers semble excessive quoique intéressante et sans doute influencés par le devenir druidique post-chrétien.
Le twrch trwyth (irl. triath roi), qui s'oppose à Arthur, représente le Sacerdoce en lutte contre la royauté à une époque de décadence spirituelle. Le père de Lug, Cian, se transforme en porc druidique pour échapper à ses poursuivants. Il meurt toutefois sous forme humaine.
La constellation de la Grande Ourse porte un nom récent, c'était autrefois, en Gaule, "le Sanglier".
En aucun cas, et pas même dans des textes irlandais d'inspiration chrétienne, le symbolisme du sanglier n'est pris en mauvaise part. Il y a là une contradiction entre le monde celtique et les tendances générales du christianisme. Les Celtes de Gaule et d'Allemagne le considère comme un symbole de fécondité jusqu'au Moyen Age.
Alors que ce sanglier représentait le Grand Druide dans ses fonctions de sage et de protecteur/guerrier, l'Eglise allait le diaboliser et lui faire endosser la responsabilité des cataclysmes, des épidémies, et aussi des combats fratricides qu'Elle-même promouvait.
Notre sanglier fut ensuite confondu dans le légendaire post évangélique avec Fenrir le dévoreur qui mit le Nord européen sans dessus dessous lors de la Grande Submersion boréenne et il devint pour les clercs une figure symbolique du paganisme sans cesse renaissant.
Malgré des siècles de christianisme, la signification druidique a survécu puisqu'en Irlande, on associe encore le sanglier à la crèche de Noël.
Le sanglier allait s'avérer indéracinable pour le Christianisme. Il lui fallut donc inventer saint Antoine (Anton) et son cochon. D'où les légendes de guérisons miraculeuses qui allaient faire dériver vers les églises les ex-voto que les paysans destinaient aux sources sacrées, leurs Nymphes…
Bien sûr, les petits gâteaux en forme de sanglier cuits dans la cendre ont été récupérés en même temps par les moines de l'abbaye de Saint-Antoine près Saint-Marcellin en Dauphiné. On retrouve aussi nos petits cochons en pain d'épice dans les fêtes foraines, pour le plus grand plaisir de tous ceux qui se sentent un peu Gaulois… (et Ardennais) "quelque part".
Saumon : Le symbolisme du poisson est à peu près concentré dans le saumon (Eo en breton et en gallois), qui a été autrefois très commun et a joué un rôle important dans l'alimentation des peuples nordiques.
Symbole de l'immortalité de l'âme, le saumon est le poisson le plus souvent cité dans les légendes celtes. Il est à la fois connaissance, vie et nourriture offertes par l'élément liquide et les divinités de l'Océan. Comme le sanglier, l'ours et le cerf, le saumon fait partie des animaux primordiaux de la religion druidique, car on le dit porteur de connaissance, de sagesse et de science.
Il est question dans bon nombre de textes irlandais d'une fontaine de sagesse : sur ses bords pousse un coudrier, ou un sorbier, couvert de noisettes écarlates. Dans son eau vivent des saumons de sagesse, qui se nourrissent des noisettes tombées dans l'eau. Quiconque mange la chair de ces poissons devient voyant et omniscient. Le fait de le manger procure le rang d'initié à son consommateur. C'est ce qui arriva au héros Find quand il était jeune garçon : élève d'un poète ou file, il était occupé un jour à faire rôtir un saumon pour le compte de son maître. Mais il se brûla en tournant la broche et il porta le doigt à sa bouche. Il fut aussitôt rempli de la science universelle et eut une dent prophétique : il lui suffisait de placer son pouce sous sa dent de sagesse et de le mâcher pour être doué de prophétie.
Selon certains récits, le saumon n'apparaît que tous les sept ans dans le cours d'un torrent de la montagne Slieve Mis, où il est guetté avec ferveur. Les dieux eux-mêmes utilisent le saumon comme gardien de la connaissance.
C'est dans l'estomac de l'un deux que Curoi Mac Daere, dieu de la Mort et roi du Monde souterrain, cache le secret de son âme.
Comme le dauphin méditerranéen, le saumon celte appartient aux deux mondes et relie le monde lunaire invisible au monde solaire sensible. C'est en cela que sa consommation est initiatique.
Le saumon sacré remontant à la source de toute chose, aux initia, est le symbole du niveau d'initiation le plus élevé.
Animal druidique par excellence avec le sanglier et le roitelet, le saumon est un des symboles de la sagesse et de la nourriture spirituelle.
Il fait donc partie du repas traditionnel des druides et est un symbole d'immortalité (celle de l'Esprit, transmis au clan par l'initiation) : dans leurs "transformations" rituelles, il achève leur initiation, il est l'homologue du sanglier et correspond à une classe initiatique probablement réservée aux druidesses.
La forme de saumon est le dernier degré de la métempsycose : après avoir vécu cent ans sous cette forme, Tuan est pêché, apporté à la reine d'Irlande qui le mange et devient enceinte.
Le saumon est encore la nourriture d'Eithne (allégorie de l'Irlande), après sa conversion au christianisme.
Serpent : Animal au symbolisme chthonien (fils de la Terre), possesseur de la connaissance et du pouvoir de vie et de mort. La légende celte de Peredur raconte son triomphe sur le Serpent Noir du Tertre Douloureux, possesseur redoutable de la pierre de Richesse, qui se trouve sertie dans sa queue. Ce talisman permet à celui qui le tient de satisfaire ses désirs de fortune et de bonheur. Peredur le fait donner à la comtesse des Prouesses qui l'a accueilli et aimé.
Les Celtes pensent que le serpent détient d'immenses pouvoirs. Etant un animal dont la peau se renouvelle, il est associé à l'enfer et à la regénération.
Le serpent a depuis longtemps symbolisé les forces sinistres et maléfiques. Il est souvent venimeux, habite des régions sombres et souterraines, d'où il jaillit en rampant silencieusement pour frapper ses victimes. Dans la Bible, un serpent entraîna la chute d'Adam et Eve. Le monstre Léviathan a souvent les traits d'un serpent.
Mais on peut également percevoir le serpent comme inoffensif : habitant sous terre, il est associé à la fertilité du sol et au renouvellement de la nature.
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